gravure de Dado

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Dado – Repères biographiques
Établis par Amarante Szidon

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Portrait de la mère de Dado (Miodrag Djuric) grand-père et mère de Dado (Miodrag Djuric)
À gauche : [Portrait de la mère de l’artiste], circa 1950, encre et lavis d’encre sur papier, 29 × 20 cm. Photo : Pascal Szidon. À droite : Dr Jovan Kujačić et Vjera Kujačić, le grand-père et la mère de Dado.

Miodrag Djuric (en monténégrin : Đurić, prononcer Djouritch), dit Dado, naît le 4 octobre 1933 à Cetinje, au Monténégro (Royaume de Yougoslavie), ancienne capitale royale aux allures de village, entourée de montagnes. Fils d’une professeure de biologie, Vjera Kujačić, et d’un cadre infirmier, Ranko Đurić, il est le troisième d’une fratrie qui comprendra cinq enfants, deux garçons et trois filles. La famille Kujacić est une vieille famille de médecins et d’intellectuels originaire de Herzégovine, qui a également compté des ancêtres militaires. L’oncle maternel de Dado, Mirko Kujačić, peintre, a séjourné en France dans les années 1920, où il fréquentait l’académie d’André Lhote. Le grand-père maternel, Jovan Kujačić, est le premier médecin hygiéniste du Monténégro, il est l’auteur de traductions de textes antiques (Homère, médecins grecs) et de textes de littérature russe (Tolstoï). La famille du côté paternel, Đurić, est une famille de fabricants de chaussures et compte des brodeuses de renom. Installée dans une maison donnant sur la place centrale de Cetinje, la famille connaît des conditions matérielles difficiles.

1941Occupation italienne. La famille se lie d’amitié avec un officier italien, qui montre à Dado des reproductions d’œuvres de peintres de la Renaissance. C’est sans doute à cette même période que Dado, qui fait déjà preuve d’un goût prononcé pour le dessin, réalise sa première peinture murale dans la maison natale, représentant deux oiseaux. Sa mère le surnomme Dado – surnom qu’il adoptera comme nom d’artiste, signant ses premières toiles et dessins Miodrag Dado Đurić –, et lui prédit un grand avenir de peintre : « Tu seras le Walt Disney de la peinture ». Le frère aîné de Dado, Božidar, s’exerce également à la peinture.

Pendaison par les nazis le 13 janvier 1944 à Cetinje
Pendaison par les nazis le 13 janvier 1944 à Cetinje de Gojko Kruška et Musa Buto Hodžić, partisans monténégrin et albanais.

1943Suite à l’effondrement de l’Italie mussolinienne, le Monténégro subit l’occupation nazie. Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles.

1944Janvier : exécution de deux résistants à Cetinje par les nazis.

L’Enfant mort, 1954
L’Enfant mort, 1954, gouache sur papier, 27 × 40 cm. Photo : Lazar Pejović.

1945Mort de la mère de Dado en couches à l’âge de quarante-deux ans. Le bébé, une petite fille, ne survivra que deux mois. Julia Bastać, la tante paternelle, prend soin des quatre orphelins.

Sans titre, 1948
Sans titre, 1948, gouache sur papier, 41,5 × 53,5 cm. Photo : Pascal Szidon.

Vers 1945-1947Dado part en Slovénie, à Ljubljana, ville baroque de l’ancien empire austro-hongrois, chez son oncle peintre, Mirko Kujačić, dont il fréquente régulièrement l’atelier, situé dans le parc Tivoli. Découverte de l’art moderne à travers un numéro du magazine de Life – Francis Bacon, Ivan Albright, Ben Shahn –, et le film d’Albert Lewin, Le Portrait de Dorian Gray (1945).

La Leçon d’anatomie, circa 1950
La Leçon d’anatomie, circa 1950, gouache sur papier, 17 × 24 cm. Photo : Pascal Szidon.
Sainte Vierge, circa 1950 Sans titre, circa 1950
À gauche : Sainte Vierge, circa 1950, gouache sur papier, 29 × 20 cm. Photo : Pascal Szidon.
À droite : Sans titre, circa 1950, encre et lavis d’encre sur papier, 29 × 20 cm. Photo : Pascal Szidon.

Vers 1948-1952Retour au Monténégro. À partir de 1950, Dado fréquente l’École des beaux-arts de Herceg-Novi, dans la toute nouvelle république du Monténégro de la Yougoslavie socialiste ; son oncle Mirko Kujačić y enseigne. Dado se lie d’amitié avec Uroš Tošković, artiste à l’œuvre très singulière, aux frontières de l’art brut. Il participe à la restauration de fresques dans le monastère de la Moraća.

Dado à l’École des beaux-arts de Herceg-Novi
Dado à l’École des beaux-arts de Herceg-Novi (en chemise blanche, debout à droite au premier plan).

Vers 1952-1953Arrivée à Belgrade. Logé par sa tante maternelle en centre ville, Dado aménage un atelier dans sa mansarde, et poursuit sa formation à l’Académie des beaux-arts, où il suit les cours de Marko Čelebonović, artiste serbe qui a eu une belle carrière en France et qui l’encourage dans son travail. Plusieurs carnets de l’époque belgradoise (ancienne collection Jernej Vilfan) témoignent de ces années et de son amitié avec des futurs membres du groupe Mediala, tels Leonid Sejka et Tošković. Dado est également très proche de son cousin Tupa Vukotić, étudiant à l’École d’architecture, qui lui fournit des plans d’architecte au verso desquels il dessine. Lors d’un séjour à Belgrade, Henry Moore remarque son travail, et lui propose une bourse à Londres, avant de se rétracter, les apparatchiks l’ayant dissuadé de concrétiser ce projet en raison de la mauvaise réputation de Dado.

Carnet
Carnet de Dado, 1953. Chaque page : 14,5 × 20,5 cm. Ancienne collection Jernej Vilfan. Photo : Pascal Szidon.

1955Incarcération d’une durée de deux ou trois semaines avec d’autres marginaux de Belgrade (parmi lesquels son cousin Tupa) pendant une visite officielle de Khrouchtchev fin mai. Il réalise Le Cycliste à sa sortie de prison, sur une toile de lin prélevée sur un matelas de l’hôpital de Cetinje fournie par son père, qui y travaille.

Portrait de Dado par Branibor Debeljković
Portrait de Dado par Branibor Debeljković (vers 1955). « L’année où j’ai fait ce portrait, Dado était le seul et premier hippie à Belgrade. Je le voyais souvent dans la rue, tirant un grand carton plein de dessins fantasmagoriques. Je le trouvais souvent sur le banc du Grafički kolektiv, qui avait été fondé cette année-là. J’aimais sa personnalité juvénile, avec sa barbe en duvet, alors je lui ai proposé de faire un portrait… »

1956Première exposition au Salon de Rijeka (Croatie) aux côtés d’artistes français. Premier achat de l’État yougoslave : La Fin du monde. Marko Čelebonović l’aide à partir pour Paris, où il arrive le 15 août. Peu de temps après son arrivée, après divers travaux dans le bâtiment, Dado travaille et loge dans l’atelier de lithographie de Gérard Patris, gendre du compositeur Pierre Schaeffer, où il rencontre Jean Dubuffet et Matta.

Sans titre, 1959 Courcelles-les-Gisors, Oise, 1958
À gauche : Sans titre, 1959-1960, huile sur toile, 115,5 × 81 cm.
Collection de l’abbaye d’Auberive. Photo : Michel Graniou.
À droite : Courcelles-les-Gisors, Oise, 1958, huile sur toile, 161 × 128 cm.

1958-1959James Speyer, qui deviendra conservateur à l’Art Institute of Chicago, lui achète son premier tableau. Kalinowski et Dubuffet lui font rencontrer Daniel Cordier, qui devient son marchand. Première exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier à l’automne 1958. Dado quitte Paris pour s’installer dans un cinéma désaffecté à Courcelles-les-Gisors, où il peut se consacrer exclusivement à la peinture et au dessin. Premières toiles « minérales ». Il rencontre Jacques Dauchez, Jean Dewasne, François et Germaine de Liencourt, et Bernard Réquichot, autre artiste de la Galerie Daniel Cordier. Hospitalisation d’une durée de deux mois à l’hopital Saint-Antoine suite à un épisode dépressif. Réquichot lui rend régulièrement visite et lui apporte des carnets pour dessiner.

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