gravure de Dado

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Bernard Réquichot par Dado

Rencontre avec Dado, Hérouval, novembre 2005 (15 min 42 s)

Un film d’Alexandra Deneux réalisé à l’occasion de son mémoire de fin d’études sur Les Reliquaires de Bernard Réquichot à l’École Supérieure d’Art d’Avignon, Département Conservation et Restauration d’Œuvres Peintes.
© Alexandra Deneux, 2006

Écoutez aussi l’entretien de 1972 avec Alfred Pacquement, également sur Réquichot.

Visitez le site officiel consacré à l’œuvre de Bernard Réquichot.

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Rencontre avec Bernard Réquichot
Un entretien de l’artiste
avec sa fille, Amarante

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« L’univers est celui qui ne meurt jamais¹. »
Bernard Réquichot

Cet entretien² n’est pas le fruit du hasard. Mémoire à vif d’une rencontre capitale dans la vie de Dado, il fait suite aux conversations récurrentes que j’avais pu avoir précédemment avec mon père sur Bernard Réquichot.
Réquichot : avant de connaître le nom, je connaissais l’œuvre – il en est ainsi de la plupart des artistes qu’ont connus mes parents. Enfant, j’avais une approche brute, directe, des œuvres et je ne me souciais guère de l’identité du créateur que Dado et Hessie avaient apprécié et estimé, et dont ils avaient conservé une trace visible, marque patente de leur amitié. La « trace visible » de Réquichot qui a hanté mon enfance est précisément une petite spirale de 1956 qui a pour titre quelques fragments d’écriture imaginaire et que, très tôt, j’avais remarquée.

Sans titre, Bernard Réquichot
Bernard Réquichot, Sans titre, 1956, dessin sur papier, 26 × 36,5 cm. Collection Dado.

Plus tard, j’ai voulu aller à la source de cette fascination précoce et ce fut le début de mon enquête, avec la complicité paternelle. Ainsi, mon initiation à l’œuvre de Réquichot par Dado a été un vrai travail de transmission d’une mémoire dans son entièreté : lecture des écrits, confrontation physique à la magie sanglante des œuvres – reliquaires, collages et peintures, lors de la donation Cordier ³. Et, de la bouche de mon père, le récit d’anecdotes majeures, parmi lesquelles celle du chat et de la souris, qui trouvent enfin ici leur « matière » écrite.
L’expérience de cet entretien ainsi que la transcription des modulations paternelles qui s’en est suivie m’ont confirmé cette fraternité étroite qui a uni et continue d’unir au-delà de la mort Dado et Réquichot : lien d’exception qui se situe sans doute au-delà du nommable, et ce, malgré ces quelques pages, qui, je l’espère, le dévoilent sans en trahir l’authenticité.

Amarante : Comment as-tu rencontré Réquichot ?

Dado : Avant de rencontrer Réquichot, j’ai entendu parler de lui par Daniel Cordier lui-même. Il avait accroché un petit tableau, Le Cycliste, et il m’a dit qu’un artiste de la galerie voulait acheter ce tableau. Et c’était Réquichot.

C’est donc par Cordier que tu l’as rencontré…

Oui, j’ai dû croiser une première fois Réquichot en 1958 chez Cordier. Mais la vraie rencontre avec Réquichot, curieusement, a eu lieu dans un endroit inhabituel qui est l’hôpital. En 1960, quand je suis tombé malade, j’ai été hospitalisé à Saint-Antoine, et évidemment, je n’avais pas de famille pour me rendre visite ; ma famille était Réquichot en personne. Il est venu tous les jours, il m’apportait des biscuits.

Ainsi, votre amitié a donc réellement débuté lors de ton séjour à l’hôpital ?

Je peux te dire que c’est là où j’ai découvert Réquichot, sa dimension humaine. Parce qu’au bout de dix jours d’hospitalisation, j’avais très faim. J’avais été hospitalisé à cause d’un empoisonnement – Michaux pensait que j’avais été empoisonné par le blanc d’argent. C’est très curieux, c’est à l’hôpital que j’ai découvert Réquichot que je connaissais un peu avant, et c’est depuis ce séjour qu’est née cette espèce de… cette relation fraternelle qui m’a attaché à Réquichot – et sa mort m’a bouleversé.
Avec le recul, je peux constater que l’œuvre de Réquichot est une œuvre écrite d’entrée, sans ratures, sans trois pas en avant et quatre en arrière, ce que je pratique depuis quarante ans : un perpétuel inachèvement, avec un espoir, un peu calculateur de ma part, que j’arriverai peut-être à m’exprimer un jour. Lui s’est exprimé et il est parti.

Lettre à Bernard Réquichot Lettre à Bernard Réquichot
À gauche : Lettre à Bernard Réquichot, 2002, collage, 250 × 122 cm, état actuel. Musée National du Monténégro. Photo : Lazar Pejović. À droite : premier état (2001). Photo : Alberto Ricci.

En effet, sa démarche artistique l’a mené à sa propre mort.

Absolument ! Nos démarches sont totalement, diamétralement opposées. Est-ce que la destinée, la longévité, la brièveté de la vie… Car Réquichot, il faut quand même le rappeler…

Il est mort à 32 ans.

Oui… Et je dirais qu’il était le « vent divin  » de sa propre œuvre.

C’est vrai qu’en relisant ses écrits, qui sont vraiment étonnants…

Je te fais remarquer qu’il n’y a pas la moindre rature dans ses écrits, ce sont des pages de cahiers d’écolier, avec une écriture parfaitement lisible. La « Lettre d’insultes », le « Testament du docteur Faustus », toutes ces métaphores et ces images qui jaillissent…

Elles vont droit au but !

Voilà, et ce qui est étonnant, c’est que ses écrits, c’est magnifique de les lire une fois imprimés, en typographie, dans la grosse monographie de Pacquement et de Billot avec la préface de Barthes . Et j’ai eu le privilège de voir le manuscrit original à Tanlay . Tu sais combien je suis sensible à l’écriture, au graphisme, c’est l’image de la respiration de la vie. Et quand la journaliste de France Culture est venue , j’ai entendu les poèmes de Réquichot récités par des acteurs, c’était très beau. Ça ressemblait à une langue étrange.

En fait, à l’époque de ta rencontre avec Réquichot, tu n’étais pas arrivé depuis longtemps en France , tu maîtrisais encore mal la langue.

Ah oui, tout à fait, j’étais un petit immigré des pays de l’Est ! Mais c’est très curieux, en même temps qu’il y avait cette amitié que me portait Réquichot – et qui était réciproque –, je faisais très attention à lui, parce que je sentais sa grande fragilité. Mais c’est Réquichot qui est venu m’aider, il est venu m’accueillir dans ce pays, il avait ce rôle, si tu veux, de « défroqué », et il savait y faire. Le seul curé que j’ai rencontré dans ma vie, c’était Réquichot. Et le meilleur à mon avis !

Mais pour revenir à son itinéraire tragique ? Le pressentait-il ?

Ah, il en était parfaitement conscient, parfaitement ! Parce qu’en parlant d’un autre ami, qui avait fait une tentative de suicide – je me rappelle que ses mots ont résonné dans mes oreilles le jour de sa mort à lui – il a dit : « C’est vache de se louper ! »
En fait, Réquichot pensait qu’il était plus facile d’être une souris qu’un homme. Un jour, il y eu cette histoire à Hérouval ¹⁰ : un chat jouait avec une souris, et j’ai réprimandé le chat qui est venu vers moi – c’était un chat apprivoisé – et qui a abandonné la souris. Aussitôt, un corbeau a plongé sur elle et j’ai dit à Réquichot : « C’est très difficile d’être une souris. » Et c’est là qu’il m’a dit : « C’est encore plus difficile d’être un homme ! »
Et Réquichot disait aussi à propos de son œuvre – pour laquelle il nous a laissé des documents explicites et très beaux – qu’il lui importait peu de savoir ce qu’on pensait de son travail.

Il suffit de lire « Circulaire aux amateurs ¹¹ » qui est un texte très bref, mais tout aussi fort pour s’en convaincre !

Voilà ! Et il y a une espèce de vulgaire auteur, comme il y en a beaucoup à Paris, qui a agressé Réquichot – c’était à la FIAC, il y a quelques années ; Baudoin Lebon, je crois, avait fait un stand Réquichot. Et donc, j’ai lu le papier de ce journaliste qui prétendait que le travail de Réquichot était mauvais. J’étais très surpris et choqué. J’étais très mécontent. Ce n’est pas parce que je voue une religion aux morts, quoique Montaigne disait que le fait le plus remarquable d’un homme, c’est sa mort. Ça correspond très bien à Réquichot.
Le reliquaire avec le crâne de vache, avec des coulures de peintures étalées autour ¹², qui était montré d’ailleurs lors du vernissage, c’est-à-dire deux jours après sa mort ¹³… Je me rappelle que j’ai éprouvé un malaise énorme quand Cordier m’a dit que Réquichot ressemblait à ce reliquaire sur le trottoir.

Lettre à Bernard Réquichot Lettre à Bernard Réquichot
À gauche : Lettre à Bernard Réquichot, 2002, collage, 250 × 122 cm, état actuel. Musée National du Monténégro. Photo : Lazar Pejović. À droite : premier état (2001). Photo : Alberto Ricci.

Cordier a donc vu le corps de Réquichot, après sa chute de cinq étages ?

Bien sûr, on a dû le prévenir très vite et il a accouru sur les lieux, complètement bouleversé !
Pour apprendre la mort de Réquichot, j’ai reçu un télégramme de Cordier : il fallait que je téléphone. Cordier m’a dit : « Réquichot est mort », et moi j’ai trouvé que c’était monstrueux. Pour moi, la mort de Réquichot était monstrueuse, et, en sortant de la poste, où j’avais pu téléphoner, je me rappelle très bien, c’était un ciel couvert, gris, froid, j’allais rejoindre mon scooter, quand je suis tombé sur deux garçons bouchers qui livraient la viande – des quartiers de cochons – avec des blouses souillées de sang.

Est-ce avec Réquichot que tu es allé la première fois chez l’équarrisseur de La Bellée ?

Non, ce qui est étrange dans cette histoire d’équarrissage, c’est que c’est Père Lévèque, qui était mon modèle pour Thomas More¹⁴, qui a eu l’idée de m’emmener à La Bellée. Et un jour, j’y suis allé avec lui à pied – c’est quand même à deux ou trois kilomètres d’Hérouval. Dans la cour de l’équarrissage de La Bellée, il y avait une pyramide d’animaux morts ! Je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi terrifiant dans ma vie ! Au sommet de la pyramide, il y avait, comme une cerise sur un gâteau, un cheval blanc et en dessous des veaux, des moutons. Le cheval blanc avait les quatre fers en l’air, il évoquait dans mon esprit les chevaux d’Uccello – pour moi, ce cheval blanc avait comme rôle de donner des lettres de noblesse au mot équarrissage, à en constituer la métaphore ; ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un cheval blanc dans un équarrissage !
Et puis, il y avait de ces odeurs ! Les équarrisseurs déjeunaient à côté, et il y avait aussi des petits spectateurs, des rongeurs, des rats, qui étaient totalement… Ils avaient un toupet ! En fait, il y avait toute la panoplie de la mouche : entomologie, anatomie, et renaissance. La renaissance se passait dans les bâtiments où les équarrisseurs jetaient des quartiers de viande pourrie pour obtenir des asticots pour la pêche. Donc, quand on entrait dans ce bâtiment, on entendait les claquements des mâchoires des vers : « tic tic tic », parce qu’ils mangent, ils grignotent. Les vers, c’est mou, c’est amorphe, c’est un peu de la glue figée, mais leurs mâchoires sont quand même très solides.

Il y avait tout un cycle…

Oui, il y avait des cycles ! Et il y avait aussi un ruisseau de purin parce que ces corps en putréfaction lâchaient une espèce de jus, de purin. Cet endroit arrosait la région un peu suivant le vent et, dans le village, on pouvait respirer l’odeur de charogne.
Quand Réquichot est venu à La Bellée ¹⁵, on est allés derrière le bâtiment, où, parmi les champignons, le lierre et les feuilles mortes, au sol, il y avait pas mal d’ossements. Les ossements étaient en fait recouverts d’un pudique voile de lierre et il fallait l’arracher pour les dégager. C’étaient – je suppose, on l’avait compris, Réquichot et moi-même – des renards, qui, avec les morceaux de viande qu’ils volaient, se régalaient à côté. Je crois qu’il y avait là une bonne vingtaine de crânes de vache, mais aussi des mâchoires, des fémurs, des omoplates.

Déjà nettoyés et prêts à l’emploi !

Ah, ils étaient parfaitement nettoyés ! Il y avait de la mousse dessus, ils étaient un peu verdâtres, ça faisait des années qu’ils étaient là. C’étaient un peu des animaux sans sépulture.
Et, après, on est rentrés à Hérouval où on s’est partagé le lot des ossements… On voyait la classe de Réquichot ; il sentait ma gourmandise. Il m’a laissé les plus grosses pièces, les autres je ne les ai vues que le jour du vernissage fatidique.
Avec mes ossements, je faisais des poupées pour mes filles avec des crânes de vache et des crânes humains que Martine Poisson m’a amenés, plus tard. Et j’avais commencé à travailler sur des choses de ce genre, mais ça n’intéressait pas Petit ¹⁶. Tous ces travaux, je les ai faits après la mort de Réquichot, j’aurais pu les appeler Lettres à Réquichot.

Et c’est aussi après sa mort que tu as découvert ses écrits ?

Réquichot, il ne m’avait jamais dit qu’il écrivait, qu’il avait une famille. Il parlait souvent des Criton ¹⁷ qu’il voyait régulièrement, c’étaient ses amis à Paris, et puis, ici à la campagne, c’était moi. Une autre fois, il m’avait aussi énormément touché – il parlait avec… je ne veux pas dire élégance, mais beaucoup de classe, de façon très très froide, très distante, avec une pointe d’humour qui lui était propre. Pour réaliser sa sculpture avec des anneaux ¹⁸, il avait mis une annonce dans Le Figaro. Il cherchait une personne pour des travaux à domicile. Alors il m’a dit : « J’ai pris un homme, une femme et un enfant. » Et ce jour-là, j’ai compris qu’il était seul. C’était une famille….

En fait, il avait reconstitué une sorte de famille autour de son œuvre…

Oui ! Quand il m’a raconté ça, ça le faisait rire.
Il m’avait aussi amené à l’hôpital des carnets à dessins avec des couvertures grises, qu’on trouvait dans les années 1950-1960 en France.

Les as-tu utilisés ?

Oui, ils sont pleins de dessins, et il y a même un dessin où j’ai dessiné en cachette Réquichot lui-même, sur son scooter.
Quand il venait le samedi – il venait généralement pour le week-end – il descendait en scooter dans le chemin, avec un casque. Il mettait un casque, c’est très curieux, car à l’époque, ce n’était pas obligatoire, personne ne portait de casque. Et lui, comme si c’était écrit, cette affaire de reliquaire sur le trottoir, il s’était prémuni d’un casque, deux années auparavant. Il était très drôle avec son casque, il y avait très peu de gens qui en portaient…

Réquichot sur son scooter Réquichot sur son scooter
Bernard Réquichot sur son scooter, 1961, encre de Chine sur papier, 22 × 17 cm.

Pour revenir à ce que tu disais tout à l’heure, en définitive, Réquichot passait complètement sous silence tout un pan de son existence.

Effectivement, je ne savais pas que Réquichot avait deux sœurs… Il n’en parlait jamais, et je ne lui posais jamais de questions à ce sujet non plus. Il me parlait beaucoup de Michaux, c’était son écrivain préféré.

Michaux connaissait-il l’homme et l’œuvre ?

Oui, bien sûr ! Michaux a été très affecté par la mort de Réquichot. Et il y a quelqu’un d’autre qui a été touché par la mort de Réquichot, peu de gens le savent : c’est André Malraux dans Le Musée imaginaire. Mais, c’est simplement à la mort de Bernard, je crois, qu’il a dû découvrir son travail. Parce qu’après la tragédie, il y a eu quand même dans la presse un article titré « La démarche de Réquichot » ¹⁹. La mort de Réquichot a fait un certain bruit, je crois que ça a quand même provoqué un certain séisme chez les « intellos » et même au-delà de ce cénacle.

Mais est-ce après sa mort que tu as réellement découvert l’œuvre de Réquichot, toi aussi ? Il me semble que tu allais rarement lui rendre visite à Paris, dans son atelier…

En fait, je ne suis allé qu’une seule fois rue de Courcelles ²⁰ pour le fameux échange que Réquichot m’avait proposé – c’est lui qui en était initiateur. Il m’a donné une spirale ²¹, et moi je lui ai donné une aquarelle. Dans l’atelier, il y avait ses peintures noires et blanches, comme des éclaboussures en étoiles ²². Mais ses travaux vraiment aboutis, ses reliquaires, je ne les ai vus que le jour du vernissage. Après mon hospitalisation à Saint-Antoine, c’était effectivement plutôt lui qui venait vers moi et cette visite a eu lieu parce qu’on faisait cet échange.

Et donc, concrètement, ses œuvres, tu ne les voyais qu’à travers des reproductions, ou bien les as-tu découvertes qu’après sa mort, notamment à travers la monographie parue aux éditions de La Connaissance ?

Bien sûr, c’est un travail que j’appréhendais avant sa mort. Et puis, puisque tu as prononcé le mot, je ne l’ai vraiment connu qu’après sa mort, c’est vrai, et je n’étais pas le seul !

C’est quand même assez troublant que tu aies finalement connu plus l’homme que l’œuvre, et que le dévoilement de l’œuvre ait eu lieu post-mortem… Et je ne peux manquer de repenser au terme très fort d’accueil que tu as employé…

Oui, je percevais plus l’homme que l’œuvre. L’œuvre, je l’ignorais, je l’entrevoyais… L’homme, dans ses rapports avec moi, était d’une très belle franchise, d’une grande élégance et d’une grande humanité. Je n’aime pas ces trois mots d’habitude mais là, ils s’imposent. Un peu après mon arrivée à vingt-trois ans dans ce pays, j’ai été accueilli par Bernard Réquichot qui a été l’ambassadeur de tous les grands esprits que j’ai connu par la suite dans mes lectures.

En fait, c’est vraiment lui qui t’a initié…

Oui, la rencontre avec Réquichot m’a donné envie de m’intéresser à la culture de mon nouveau pays d’adoption. Réquichot ne m’a jamais dit de lire telle ou telle chose ; il m’a mis sur une voie. Grâce à lui, j’ai compris que j’étais tombé dans un pays d’écrivains, de grands esprits – je pense à Montaigne, je pense à Saint Augustin, avec sa Cité de Dieu et à Bossuet aussi, avec ses Panégyriques. Il y a toute cette richesse et tout ce fardeau culturels français que j’ai acquis durant cette quarantaine d’années.

Réquichot t’a-il également initié à la littérature contemporaine ?

Bien sûr, il aimait beaucoup Michaux et Joyce – il lisait Ulysse, c’était son livre de chevet – et son autre poète préféré, c’était Alexis Léger, Saint-John Perse. Si tu veux, Réquichot a fait mon éducation, même si j’ai gardé l’accent, je suis resté un infirme de la langue, ce qui… Je m’excuse de parler de moi par rapport à Réquichot, mais je pense quand même que mon handicap était une espèce de privilège pour Réquichot, lui qui pouvait exprimer aussi avec sa plume toutes ses pensées. Avec sa plume aussi bien qu’avec ses pinceaux. Tandis que moi, étant dans l’impossibilité de m’exprimer dans ma langue maternelle que je n’ai pas oubliée et qui est la seule qui me touche vraiment…

Lettre à Bernard Réquichot Lettre à Bernard Réquichot
À gauche : Lettre à Bernard Réquichot, 2002, collage, 250 × 122 cm, état actuel. Musée National du Monténégro. Photo : Lazar Pejović. À droite : premier état (2001). Photo : Alberto Ricci.

Tu étais dans une langue d’emprunt !

Voilà ! Parce que, pour citer Kierkegaard, il disait que la langue danoise, c’était sa langue préférée, et qu’il aimait la langue danoise comme Adam aimait Eve parce que c’était la seule femme.

Tu disais à l’instant que tu te considérais comme un « infirme de la langue », cela peut paraître paradoxal car tu parles beaucoup plus de tes lectures, de tes plaisirs littéraires, que de la peinture. De Nabokov, par exemple !

Mais Nabokov, ce n’est pas seulement mon auteur préféré, c’est mon professeur préféré !

Tu parles beaucoup plus des écrivains que des peintres de façon générale.

Peut-être, oui, à cause de ce handicap que j’évoquais tout à l’heure. Je ne me rends pas compte du fait que je suis un frustré du langage. Donc je m’abreuve dans la – je crois – bonne littérature. Et j’ai commencé quand j’avais 18 ans. Je suis allé à l’évêché de Belgrade et j’ai acheté la Bible. C’était magnifique… Je me suis beaucoup inspiré du Livre de Job ²³, j’étais toujours plongé dedans : il y avait des guerres, des chevaux, des cavaliers, des morts… C’étaient des atrocités pures, des images d’une force !

Sais-tu quelle a été vraiment la formation religieuse de Réquichot ? Car il a d’abord peint des œuvres d’inspiration religieuse…

Oui, il a d’ailleurs fréquenté l’École d’art sacré. En fait, ce qu’il ne faut pas oublier non plus, c’est que Réquichot était issu d’une famille de la très bonne bourgeoisie catholique parisienne. Moi, je suis bien issu d’une famille avec un père qui passait son temps avec des copains au bistrot, et une mère probablement très malheureuse à cause de cette situation et qui se démenait pour nous nourrir. On ne choisit pas sa famille. Mais ça lui a donné, à Réquichot… Et c’est là où moi, je sens cette fracture linguistique et culturelle. On a beau dire, parce qu’on parle beaucoup maintenant de civilisations… Il y a une espèce de rigueur dans l’œuvre de Réquichot et dans ses écrits qui sont nés dans un contexte terrible. Je pense notamment aux chaussures ²⁴ sur lesquelles il a peint…

Mais malgré vos cultures si opposées, votre lien n’en a été que plus fort…

C’est vrai que mes collages récents sont faits à l’ombre de Réquichot. Pour être clair et bref, j’ai repris le flambeau. Réquichot savait pertinemment que sa vie serait brève et que j’allais peut-être perdurer.

Donc c’est un lien de transmission.

Oui, de transmission, et de mission même. En fait, Réquichot était mon missionnaire. Un jour, je lui ai demandé : « Mais, Bernard, la religion, qu’est-ce que tu en penses ? », et il m’a répondu : « Rien du tout, notre religion c’est la peinture. » Donc comme je n’ai jamais prié… En fait, pour prier dans la chapelle Saint-Luc²⁵, je peins, tout simplement, pour confirmer ce qu’a dit Réquichot.

Lettres à Bernard Réquichot Lettres à Bernard Réquichot
À gauche : Lettre à Bernard Réquichot, 2002, collage, 250 × 122 cm. Musée National du Monténégro. Photo : Lazar Pejović. À droite : Lettre à Bernard Réquichot, 2001. Photo : Alberto Ricci.

Justement, qu’aurait pensé Réquichot de la chapelle ?

Il en aurait pensé le plus grand bien, d’autant plus que c’est lui qui l’a « faite », cette chapelle, puisque c’est grâce à Sonia Criton, la fille de Jean Criton, qui est à la DRAC de Rouen, que j’ai pu y travailler !

Oui, c’est vraiment un hasard incroyable que ce soit grâce à la fille du meilleur ami de Réquichot que tu aies pu continuer à peindre dans la chapelle !

C’est incroyable, ah oui ! La première fois qu’elle est venue à la chapelle, je lui ai demandé : « Jean Criton, c’est qui par rapport à vous ? ». Elle a ri et elle a répondu : « C’est mon père ! » Et là, j’ai compris que Réquichot était dans la chapelle et qu’il l’avait « faite ». Du temps de Réquichot, la première chose que j’ai commencée à faire ici, à Hérouval, dans la cuisine, c’est une fresque. J’ai peint sur les murs des crânes, une tête, mais ça n’a pas tenu parce qu’il n’y avait pas de toit. C’était humide, l’hiver est arrivé, et les fresques ont duré le temps d’un hiver. Et après, on a fait des travaux et il n’est plus resté aucune trace.

Un thème qui te travaillait déjà, donc, bien avant que tu ne commences à travailler dans la chapelle !

Pendant la période où j’étais chez Jaeger ²⁶, j’ai peint Le Cimetière de Montjavoult, La Toussaint, Le Chemin de Croix ; j’empruntais des thèmes chers à Réquichot quand il avait 14 ans…
Quand j’ai fait les reliquaires de Maria Lauret ²⁷, je ne savais pas quoi faire avec toutes ces affaires, alors je les ai mises en sarcophages, en reliquaires… avec des clous, une bûche et des photos de ses enfants, morts jeunes. C’était une tragédie terrible, celle d’une femme qui perd ses deux enfants, et dont le fils meurt à l’âge de trente ans alors qu’elle meurt très âgée. Je pouvais imaginer la tristesse et l’amertume qu’il devait y avoir dans son cœur.

Mais, autant dans son travail que dans le tien, il me semble que tous les deux, par rapport à votre œuvre, il y a un rapport de…

De désamour ?

Voilà, de désamour, terme suggéré par Robert Merle dans cette mémorable émission avec Michel Field, pour qualifier ton rapport à ta peinture ²⁸… Ce n’était pas une pratique narcissique !

C’est le contraire ! Il existe très peu de photos de Réquichot parce qu’il avait horreur de ça ! Réquichot n’aurait pas fait une star à Paris, il était très fier. Quand on le lit, on le comprend ! Réquichot a bien fait son trousseau avec son manuscrit. Ça donne un éclairage incroyable !

Oui, tout à fait… C’est vrai qu’il a tout tracé !

Il a fait le tour de son propre cadavre, Réquichot !

Aussi bien dans son œuvre que dans sa vie… Mais quel rapport penses-tu qu’il avait avec son œuvre ?

Il n’en parlait jamais. Si, il en a parlé une fois pour la sculpture d’anneaux, quand il avait mis l’annonce dans Le Figaro. Mais il ne m’a jamais dit : « Je vais faire ceci ou cela. » Ce n’était pas du tout le genre de peintre à faire part à la terre entière de ses projets artistiques.

Est-ce que pour toi exposer est une épreuve, comme cela a dû l’être pour Réquichot ?

Non, mais c’est une fatigue énorme. Un jour, j’ai demandé à Henri Michaux : « Michaux, si vous pouviez, quelles œuvres vous réécririez ? », il m’a répondu : « Je réécrirais tout ! » Et l’autre jour, à la radio, il y avait une jeune femme écrivain, anglaise, une admiratrice de Nabokov. Elle disait que Nabokov faisait ses propres traductions en anglais ; quand il a traduit ses œuvres du russe, il a voulu les réécrire. Et finalement, il les a tout simplement retraduites. Autrement dit, une œuvre reste derrière comme les traces d’un animal sauvage. Il faut que ces traces soient très éphémères, à peine perceptibles, elles ne sont pas à mettre entre toutes les mains !

Et c’est ça qui te gêne, justement, dans l’exposition ?

Bien sûr ! Je lisais dans le journal : je ne sais plus combien de milliers de gens passent chaque jour à Beaubourg, parmi eux, combien ont vu l’Hommage à Bernard Réquichot²⁹ ? Ce tableau a ce mérite-là, son titre contient le nom de Bernard Réquichot, qui est mon missionnaire et mon apôtre saint Luc, qui soulageait les douleurs avec de l’huile de palme.

À quel titre possible as-tu pensé pour ton exposition avec Réquichot ?

Pour bien faire, on peut simplement prendre le titre d’une œuvre de Réquichot qui s’appelle La Guerre des nerfs³⁰.

Ce titre m’évoque cette très belle citation de Réquichot que je voudrais te lire : « Observations sur l’acte : je peins avec mes nerfs, mes dents, mes griffes. Je voudrais mordre et détruire, je me crispe. Des muscles (sont-ce des muscles ?) dont je n’ai pas encore défini le lieu se tendent jusqu’à devenir jouissance et douleur ensemble ³¹. »

Je pense aussi à Montaigne qui disait qu’il écrivait avec ses glaires !

Oui, tout à fait, c’est le corps qui travaille en l’occurrence, là !

Oui, les glaires, ça n’a rien de réjouissant, parce que ça produit du sang ! Ça n’a rien à voir avec la symbolique romantique des larmes… Les glaires, c’est terrible !
Mais au final, c’est tout de même presque une aberration, ce que nous faisons tous les deux en évoquant Réquichot quarante ans après, en l’espace d’une disquette de ton ordinateur. C’est presque une infamie, une trahison !
Réquichot me manque depuis quarante ans, ma frustration, c’est de ne pas pouvoir lui demander ce qu’il pense des événements actuels. Je ressens une grande frustration, mais les plus frustrés doivent être les morts. On ne peut pas envier la frustration aux morts !

Hérouval, les 29 septembre et 11 novembre 2001.

Lettre à Bernard Réquichot
Lettre à Bernard Réquichot, 1997, huile et collage sur panneau, 240 × 130 cm. Collection les Abattoirs Musée – FRAC Occitanie Toulouse. Photo : Grand Rond Production.
1. Bernard Réquichot, Les Écrits de Bernard Réquichot, avec une préface d’Alain Jouffroy (« Lettre noire »), Bruxelles, La Connaissance, 1973, p. 141.

2. Cet entretien a été réalisé pour le catalogue de l’exposition « Dado – Réquichot. La Guerre des nerfs » qui se tint au Musée des Abattoirs à Toulouse du 22 février au 26 mai 2002.

3. Organisée en 1989 au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne (Paris) par Daniel Abadie, l’exposition de la donation Cordier présentait l’une des donations les plus singulières et les plus riches du XXe siècle. Fondée en 1956, la Galerie Daniel Cordier représentait à l’époque des artistes aussi différents que Bellmer, Bettencourt, Dewasne, Dado, Dubuffet, Fahlström, Fièvre, Matta, Michaux, Réquichot – entre autres. Très lié à Réquichot, Daniel Cordier est l’un des premiers à lui avoir acheté une peinture. C’est Kalinowski qui lui présente Dado en 1957. Pour plus d’informations, on pourra se référer au catalogue de la donation Cordier (Donations Cordier. Le regard d’un amateur, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1989) ainsi qu’au film réalisé par Alain Fleischer sur Daniel Cordier.

4. Cette œuvre figurait dans l’exposition de la donation Cordier au Centre Pompidou. Elle a été déposée aux Abattoirs à Toulouse en 1995.

5. L’expression « vent divin » est la traduction littérale du terme kamikaze en japonais.

6. Roland Barthes, Marcel Billot, Alfred Pacquement, Bernard Réquichot, La Connaissance, Bruxelles, 1973.

7. Une exposition intitulée « Hommage à Bernard Réquichot » a été organisée par Louis Deledicq au Centre d’art contemporain, château de Tanlay (Yonne) pendant l’été 1992. En plus du texte de Barthes déjà présent dans la monographie citée plus haut (« Réquichot et son corps »), le catalogue comportait des textes inédits de Pierre Bettencourt, Olivier Kaeppelin, Jacques Kerchache, Christian Noorbergen, Alfred Pacquement, Philippe Piguet et Yves Reynier.

8. Il s’agit de Blandine Masson qui a interviewé Dado pour son émission consacrée à Réquichot, « Une vie, une œuvre », diffusée le 2 juin 1994.

9. Dado est arrivé en France en 1956.

10. Après avoir vécu à Courcelles-les-Gisors, Dado s’est installé au début des années 1960 dans un ancien moulin situé à Hérouval (Oise) dans le Vexin français.

11. Bernard Réquichot, Les Écrits de Bernard Réquichot, op. cit., p. 83. Nous reproduisons ci-dessous ce texte dans son intégralité.
« Ce que je fais n’est pas fait pour être vu. S’il arrive que mes travaux éveillent chez certains une émotion, cette émotion des autres n’est à mes yeux qu’un accessoire, voire même un surplus néfaste. Leurs appréciations, leur mépris ou leurs éloges me paraissent des intrus qui perturbent et malmènent la genèse, l’inquiétude, la perception délicate du mental où quelque chose germe et tente de croître.
Badauds du sensible, touristes en émotions et même commères de la comparaison, potaches rustres qui ouvrent les montres pour mieux les voir marcher, ou croire les voir, mais les salissent, les tripotent, les cassent : les “amateurs d’art” sont les destructeurs des horloges qui croissent.
Celui qui est menacé d’amateurs doit savoir que sa pensée ou son émotion devant ce qu’il fait n’a pas besoin de celle des autres pour exister, que le pire qui puisse arriver à un créateur, c’est que cette pensée ou cette émotion soit troublée par ces autres ou se dirige vers eux, et qu’il en oublie que ce qu’il fait a besoin pour éclore et pour vivre, de croître dans l’ombre.
Parce que tous les cas ont la leur, songez à la tristesse d’être ou de sembler un “salarié du talent”, horreur que ces deux mots, pour celui dont l’occulte démarche mentale est un moyen de connaissance. »

12. Cette œuvre, dont le titre est Reliquaire, fait partie de la donation Cordier.

13. Réquichot a mis fin à ses jours le 4 décembre 1961.

14. Cette œuvre, qui appartient à une collection privée, date de 1958-1959.

15. Réquichot a d’ailleurs pris une photo de l’équarrissage de La Bellée, photo qui a été reproduite dans le catalogue de son exposition organisée par Alfred Pacquement au Centre National d’Art Contemporain (Paris) du 1er juin au 16 juillet 1973. À l’occasion de cette rétrospective, Daniel Cordier a fait une donation d’œuvres de l’artiste au Cnac.

16. André-François Petit a été présenté à Dado par Hans Bellmer en 1965 ; il est resté son marchand jusqu’en 1970.

17. Le peintre Jean Criton a été un ami intime de Bernard Réquichot ainsi qu’en témoigne leur correspondance en partie reproduite dans les écrits de l’artiste (« Lettres à un ami », Les Écrits de Bernard Réquichot, op. cit., p. 97-120).

18. Il est fort probable que Dado fasse allusion à Nekonk Tanten Tank Mana. Reliquaire d’anneaux (1961), œuvre de la donation Cordier qui figurait dans les Collections permanentes du Centre Pompidou lors de l’accrochage d’avril 2001.

19. Michel Conil Lacoste, « La démarche de Réquichot », Le Monde, 15 décembre 1961.

20. L’atelier de Réquichot était situé au 8 rue de Courcelles.

21. Il s’agit de la spirale évoquée dans l’introduction d’Amarante et reproduite ci-dessus.

22. On peut supposer que ces œuvres appartiennent à la série Traces graphiques.

23. Entre 1976 et 1978, en collaboration avec Alain Controu, Dado entreprit la réalisation d’un Livre de Job. Une série de gravures en couleurs virent ainsi le jour, en bas desquelles furent transcrits des extraits du Livre de Job par son fils Malcolm, doué d’une belle écriture. N’ayant pas réussi à trouver d’éditeur pour cet ambitieux projet, Dado confie avoir voulu « faire exploser le Livre de Job », en réalisant des collages à partir des gravures existantes, en 1979.
Livre de Job, 1979 Livre de Job, 1982
À gauche : Eliphaz accuse Job d’impiété, Livre de Job, 1979, pointe sèche rehaussée à la gouache, 23,5 × 37 cm. À droite : Livre de Job, 1982, pointe sèche rehaussée à la gouache, 38,5 × 28,5 cm.
24. Ces chaussures, dont la trace avait été totalement perdue depuis la mort de l’artiste, ont été retrouvées par hasard par un ami de Dado, Jim Staelen, peu avant l’exposition de 2002 où elles figurèrent.

25. Il s’agit de la chapelle Saint-Luc, à Gisors, dans laquelle Dado travaillait au moment de cet entretien. Construite dans une léproserie, la chapelle date du XIIe siècle. Stimulé par l’aspérité du mur, Dado a créé une véritable dramaturgie visuelle dans laquelle ses personnages « hautement organiques » sont comme projetés et suspendus dans l’espace.

26. Jean-François Jaeger, directeur la Galerie Jeanne-Bucher, avec lequel Dado a collaboré de 1971 à 1976.

27. Dado a réalisé ces reliquaires dans une maison de village située en Aveyron, dont il a fait l’acquisition en 1992 – Maria Lauret était l’ancienne propriétaire des lieux dans les années 1950. Ces œuvres ont fait l’objet d’une exposition organisée par Catherine Gaich en 1994 au Musée Denys Puech, à Rodez. Certaines d’entre elles sont reproduites ici avec le premier texte de Bernard Noël.

28. « Le Cercle de Minuit », France 2, avril 1993. Au cours de cette émission, Dado se montra dubitatif quant à la qualité de l’une de ses toiles en hommage au cardinal de Retz, qui était accrochée en arrière-plan, au grand étonnement de Michel Field.

29. La Grande Ferme. Hommage à Bernard Réquichot, 1962-1963. Cette œuvre emblématique, qui fait partie des œuvres de la donation Cordier, a été déposée aux Abattoirs en 1995 ; elle figurait dans l’exposition de 2002.

30. Cette œuvre date de 1957.

31. Bernard Réquichot, « Journal sans dates », Les Écrits de Bernard Réquichot, op. cit., p. 131.
gravure de Dado