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Olivier Messiaen, Le Merle noir, Alexis Del Palazzo’s
La découverte de votre œuvre qui ne peut que m’émouvoir et m’impressionner fait partie des grands mystères des liens intemporels… Se comprendre sans se connaître sinon au travers du fil du téléphone…
Vos Oiseaux m’entourent, encadrent le visage de ma mère. Ils sont si beaux et surtout si parlants, de votre passé, de ce vécu si dur que je prends en plein cœur.
Nous savons tous les deux la Douleur mais nous la dominons, moi avec une Mémoire vivante, vous à travers ces Oiseaux qui vont m’accompagner pour toujours.
Merci à vous d’avoir à la fois l’œil et le cœur. Irène aurait certainement aimé vous connaître. Continuez à faire parler les Oiseaux, dans ce monde si gris nous avons besoin d’eux et de vous.
Vous serez avec moi, avec ma mère, avec ses livres, avec tous ceux qui viendront admirer les « Oiseaux d’Irène ».
Denise Epstein
Je vous rencontre ce soir, Denise, pour la première fois. Nous avions déjà fait connaissance par le biais d’une conversation téléphonique, l’hiver dernier. Entendre la bienveillance qui colorait votre voix me fut Douceur. De fait, je vous ai si peu oubliée, depuis, que j’ai voulu, ce soir, vous faire l’humble cadeau de ces quelques lignes.
Il y a fort peu de temps de cela, en remaniant un mien manuscrit consacré à l’œuvre « in situ » du peintre contemporain Dado, j’ai été troublée par la mise en lumière d’un matériau particulier dans la genèse de plusieurs créations de l’artiste.
En effet, l’expression artistique de Dado, lors de ses différentes interventions dans la maison de Bez-de-Naussac a été entièrement commandée par une Rémanence particulière, celle d’une femme, « Maria L. », la précédente propriétaire de la demeure aveyronnaise.
La réinvention de ce lieux par l’artiste n’aurait sans doute, en effet, pas pu être sans la présence de souvenirs tangibles, pour certains, plus impalpables, pour d’autres.
Au regard de ce que je viens de vous exposer rapidement, je n’ai pu m’empêcher, Denise , de penser qu’il existait une manière de sororité modeste entre Maria L. et Irène Némirovski, votre mère, par la manière même dont Dado a pu et a su utiliser les réminiscences respectives de ces deux « Eclatantes Absentes ».
Je n’hésiterai pas ici, à vous rendre la part fondamentale qui vous revient tout naturellement, au regard de la création entreprise par Dado autour de la mémoire de votre mère.
Vous fîtes, Denise, un travail prodigieux en décryptant et en remettant à jour ce texte qui fut l’œuvre ultime d’Irène N. : Suite française.
C’est d’un enfantement paradoxal dont vous avez été l’initiatrice puisque, ce faisant, c’est aussi à votre mère que vous avez un peu redonné vie.
Dado fut d’abord conquis par les mots d’Irène prodigués dans une langue tout à la fois nerveuse et inventive. Il y eut également la découverte de ce portrait de votre mère. Des yeux empreints d’une mélancolie ancienne disaient déjà une Intelligence en Péril. Je crois bien que c’est pour ces pupilles jumelles que Dado s’est fait par la suite le malicieux dompteur de ces « Oiseaux d’Irène ».
Ces hirondelles et autres mésanges, ces chouettes et piverts nés de l’imagination de l’artiste, lequel leur a imposé l’amusante infamie du détournement, sont des offrandes modestes à cette « Absente » si présente qu’est maintenant votre mère pour nous tous, ce soir. Ces « Oiseaux » volatiles singuliers représentent également l’allégorie fragile d’une liberté rêvée, matérialisée par l’Envol.
Je peux même vous souffler à l’oreille, Denise, comme on se délivrerait d’un secret dérisoire, que la sérénité ayant accompagné, ici, l’expression créatrice de Dado constitue sans doute le plus bel hommage que l’artiste, cet Intranquille Permanent pouvait rendre à votre maman, votre « Maïka », comme on l’écrit dans ces Balkans toujours présents en Dado.
Je vous embrasse, Denise.
Yanitza Djuric